Ta voix s’est-elle tue ,Juliette ?

                  

Jolie môme,ta voix tu nous as léguée. Ta voix, jolie môme, ne saurait s’estomper. Ô combien insolite, mystérieuse, envoûtante…D’une palette instrumentale tu disposais pour parfaire cette voix enivrante susurrant l’Amour. Ta voix nous permit, dès le rivage, de découvrir le Tout Saint-Germain-des-Prés; puis, au fil d’un long voyage,de fréquenter, avec moult élégance, une pléiade de poètes…“Il n’y a plus d’après”, te plaisais-tu à chanter et pourtant bien que tu sois partie, nonobstant ton ultime révérence, tes  belles chansons fleureront une éternelle ivresse.

Elles museront encore fort longtemps pour nous permettre de continuer de t’aimer, toi l’ambassadrice du bonheur, le chantre de la liberté, le héraut de l’espoir, l’Antigone debout, toujours prête au combat… Partout les feuilles mortes vivront et sous le ciel de Paris s’envoleront tes inoubliables romances … De Ramatuelle à Paname, par-delà nos frontières où , drapée de notre langue et de notre culture, tu fus tant appréciée et si souvent louée, à ton instante invite, nous te déshabillerons. Muse somptueuse tu entonneras toujours une liberté ambrosiaque.

Tu nous entraîneras dans une javanaise dionysiaque pour y glorifier de multiples amours.Mystérieuse et angoissante Belphégor, grande Dame brune toujours de noir vêtue, au prénom prédestiné :Juliette, tu ne pouvais que susciter de troublantes émotions,engendrer de sublimes et tumultueuses passions. Ta voix mélodieuse aux indicibles inflexions orphiques restera à jamais gravée au plus profond; voix toujours accompagnée par ton émouvante gestuelle .Surgira-t-elle d’outre-tombe cette voix pour nous murmurer qu’il n’est pas toujours facile d’aimer, que toutes les amours sont recevables?…

Omniprésente, elle rayonnera pour embaumer nos pavés, auréoler nos rues, ranimer nos foyers, enthousiasmer le coeur des Français. Pour tes prières, tes lamentos,tes mélopées, tes symphonies, pour les mots superbes si bien choisis,si bien servis, si bien chantés, loués et orchestrés, nous te disons “merci” . Merci pour tes grandes orgues, pour cette ténébreuse et chaude voix, incomparable clef des champs, qui sut nous faire vibrer en un fulgurant et suave élan d’adelphité assumée. Merci Juliette d’avoir été, d’avoir chanté vrai.

Merci de continuer de cheminer avec celles et ceux qui,contre vents et marées, t’ont profondément aimée .Chanter fut ta raison de vivre mais si tu t’imagines , que tout est fini, sache que tes chansons, par-delà la mort, t’offriront une seconde vie .

Aujourd’hui, bouleversée, je ne puis m’empêcher de murmurer:  “Bonjour tristesse” avec un sourire au regard de Françoise,ton amie.

Antigone